jeudi 6 janvier 2011

Un Texan disculpé par un test ADN. Quand la science aide la conscience

Les JT de la RTBF et de France 2 ont mis en exergue mercredi soir la libération à Dallas, au Texas, de Cornelius Dupree. Condamné à 75 ans de prison et incarcéré depuis 30 ans pour "un vol à main armée", cet homme africain-américain âgé de 51 ans a été disculpé par un test ADN.
Imaginons que Cornelius Dupree eut été condamné à mort, il aurait certainement été exécuté. Les bredouillements du juge annonçant son exonération sont un morceau d’anthologie du cafouillage et de la dangerosité de la justice pénale américaine.
Cette affaire relance le débat sur la peine de mort aux Etats-Unis, dans la mesure où les condamnations sont souvent fondées sur des témoignages douteux, mais aussi, comme le soulignent de nombreux rapports, sur la persistance du racisme au sein des forces de police et de la justice.
Si cette victoire doit beaucoup à la science, elle est aussi le résultat de la volonté humaine. Sans l’engagement résolu d’une poignée de juristes membres de l’association Innocence Project, Cornelius Dupree et des centaines d’autres personnes injustement condamnées seraient encore en prison ou dans une tombe.
L’Innocence Project a été créé en 1992 par Barry C. Scheck et Peter J. Neufeld, professeurs à l’école de droit de la Yeshiva University (New York), afin d’assister les prisonniers dont l’innocence peut être prouvée par le test ADN. Depuis sa création, leur travail a permis de disculper 265 personnes, dont 17 qui attendaient l’exécution de leur sentence dans le couloir de la mort.
Cette initiative remarquable est soutenue par des dizaines de facultés de droit aux Etats-Unis, regroupées au sein de l’Innocence Network.
Elle est relayée depuis 1999 au sein de la prestigieuse Northwestern University (Etat de l’Illinois) par la Medill School of Journalism. Menés par leur professeur David Protess, les étudiants de l’école de journalisme ont pour mission d’enquêter sur des cas contestés de condamnations à la peine capitale. Leurs investigations ont déjà permis d’innocenter 11 personnes et elles ont convaincu le gouverneur de l’Etat de décréter un moratoire des exécutions capitales.
L’affaire Dupree démontre que la liberté est gagnante quand la science et la conscience s’unissent.