vendredi 27 novembre 2009

Tunisie: la position du PS

Comme nous le signalions dans un précédent blog,le président Ben Ali n’est pas en odeur de sainteté auprès des socialistes européens, même si son parti, le RCD, continue de siéger au sein de l’organisation mondiale des partis socialistes, l’Internationale socialiste (I.S.)
Dans une réponse adressée le 9 octobre dernier à Philippe Hensmans, directeur d’AIBF (Amnesty International Belgique Francophone), Elio di Rupo, Président du Parti socialiste (Belge francophone) et vice-président de l’Internationale socialiste, avait précisé l’approche du PS.

« La présence du RCD dans l’Internationale Socialiste, notait Elio di Rupo, est un héritage historique malheureux d’une époque, les années ’70, où l’IS a souhaité avant tout s’étendre à de nouveaux continents et gagner en légitimité anticoloniale.

Aujourd’hui les choses sont différentes et la question du RCD mérité d’être examinée à nouveau.

Notons déjà que le Parti Socialiste Européen n’entretient plus de relations avec le RCD, suite à une initiative en ce sens des PS belges et français.
Notons aussi que le Forum Démocratique tunisien, qui rassemble un certain nombre d’opposants démocratiques tunisiens, est également membre de l’IS.
Notons enfin que le PS s’est engagé depuis plusieurs années dans un combat pour mettre l’éthique et la démocratie au cœur des préoccupations de l’IS. Cette politique a donné comme résultat tangible la création d’une charte éthique et d’un comité éthique de l’IS. La question tunisienne est inscrite à l’ordre du jour de ce comité et nous ne désespérons pas d’y obtenir des avancées ».

Tunisie: drapeau rouge pour Ben Ali

La condamnation du journaliste rebelle Taoufik Ben Brik à 6 mois de prison sera évidemment condamnée par des parlementaires socialistes européens. Cette arrestation contredit tous les principes qui anime le PSE et toutes les valeurs dont l’Europe se réclame dans ses relations avec des pays tiers.

Ces dernières années, le PSE a régulièrement critiqué le régime tunisien. Dernièrement, le président du PSE, Poul Nyrup Rasmussen, a même levé le drapeau rouge. « Les agissements du gouvernement tunisien sont inacceptables, a-t-il déclaré. Le régime doit mieux traiter ses citoyens et ses opposants politiques. Il doit arrêter les persécutions contre ceux et celles qui osent s’opposer à lui. Le gouvernement du président Ben Ali doit respecter les libertés fondamentales s’il souhaite un approfondissement des relations avec l’UE. Un statut de partenaire avancé pour la Tunisie est hors de question au vu de la situation actuelle ».

Etrangement, les socialistes européens semblent oublier que le parti officiel tunisien, le Rassemblement constitutionnel démocratique, est membre de l’Internationale socialiste, c’est-à-dire de l’organisation, basée à Londres, à laquelle sont affiliées tous les partis socialistes européens. Le RCD participe à nombre de l'I.S. où se retrouvent aussi des socialistes européens et il utilise ces rencontres pour démontrer sa légitimité démocratique et pour se justifier auprès de son opinion.

La cohérence imposerait de suspendre ou d’exclure le RCD, mais l’Internationale socialiste devrait, dans la foulée, prendre les mêmes mesures à l’encontre de partis autoritaires qui violent ses principes, à l’exemple du Front sandiniste de libération nationale au Nicaragua ou du Mouvement populaire de libération de l’Angola.

lundi 16 novembre 2009

Bye bye Belga

La bourde de l’annonce de la mort de la reine Fabiola par l’agence Belga dénote une confusion grave du rôle des médias dans une société démocratique. Elle est l’aboutissement de la place excessive accordée à l’audience dans la détermination des priorités, hiérarchies et modes de traitement de l’information.
Au règne de l’audimat, expression passive du règne de l’audience, s’ajoute le populisme du « journalisme citoyen », forme active d'une politique essentiellement marketing de rapport au public.
"Journalisme citoyen?". Faisons un sort à cette expression, car il n’y a rien de citoyen dans le mélange d’une fonction spécifique, celle du journalisme, et l’intervention du grand public. Cette idée est au journalisme ce que le paramilitarisme, le vigilantisme et les rondes nocturnes contre la délinquance sont à la police et à l’Etat de droit : une perversion.
Les citoyens ont évidemment le droit de s’exprimer librement, en rue, dans les cafés, sur des blogs, mais ils ne peuvent en aucun cas prétendre faire du journalisme. Ce métier, même s’il pêche aussi par ses bavures, a ses règles et sa mission. Il doit répondre notamment à des exigences strictes de vérification de l’information et à une appréciation permanente de l’impact de celle-ci sur la société.
Le titre très noble de "journalisme citoyen" doit être réservé au journalisme qui vise à renforcer la citoyenneté. Cet objectif requiert de fournir les faits et les idées qui permettant aux femmes et aux hommes d’agir et de participer aux enjeux politiques en toute connaissance de cause.
S’il n’y a pas de citoyens journalistes, mais des citoyens qui peuvent informer "en direct" ou en passant par des journalistes, les journalistes ne sont pas nécessairement tous citoyens, car cette fonction n’est assumée et promue que par une partie de la profession.
En dépit de l'outrage à la reine Fabiola, l'affaire Belga est venue à point pour susciter un débat au sein de la profession. Le secrétaire général adjoint de l'AJP (Association des journalistes professionnels), Jean-François Dumont, dans une interview accordée au Soir, a clairement remis l'Eglise ou la Maison du peuple au centre du village: ces "inventions" qui se réclament du journalisme doivent être bannies.
Les patrons de Belga auraient-ils voulu paraphraser la fameuse phrase de la guerre du Vietnam: "nous avons dû détruire le journalisme pour le sauver".

mercredi 4 novembre 2009

Libérez Fariba Pajooh et les journalistes iraniens emprisonnés

Mercredi 4 novembre,des journalistes belges, francophones et néerlandophones, se sont rassemblés en un comité informel pour soutenir les journalistes iraniens emprisonnés. Les objectifs du comité est de se mobiliser pour la libération des journalistes mais aussi de demander aux pays de l'Union européenne et en particulier la Belgique d'accorder des "visas humanitaires" aux journalistes et blogueurs iraniens qui ont quitté leur pays où ils se savent en danger.
Reporters sans frontières a par ailleurs formulé des propositions aux rédactions belges afin qu'elles prennent des initiatives concrètes (accueil de journalistes iraniens,parrainages, etc.)
Les journalistes belges ont pris pour symbole la journaliste et blogueuse Fariba Pajooh, ancien membre de la rédaction du quotidien aujourd'hui interdit Etemad-e melli, et très connue en Belgique et en France.
Arrêtée le 22 août dernier, elle se trouve depuis dans la prison d'Evin.
Voici le texte publié par le comité en faveur de cette journaliste qui rêve d'un pays libre et apaisé.

"Elle est intelligente, dynamique, courageuse, elle n'a pas trente ans.....depuis 3 mois elle est en prison !

Journaliste et blogueuse, elle a travaillé pour des journaux réformistes (Etemaad é Melli notamment) qui ne paraissent plus, elle a raconté sur Internet sa joie de vivre dans une société où il n'y en a plus, elle était rieuse, patriote et optimiste..... Depuis près d'une semaine elle fait la grève de la faim!

Fariba Pajooh a été arrêtée le 22 août 2009 par des hommes en civil qui se sont présentés.au domicile de ses parents à Teheran. »Ne vous inquietez pas, ont ils dit à sa maman, nous avons quelques questions à lui poser, elle reviendra vite ».Ele n'est toujours pas rentrée chez elle....

Nous avons choisi Fariba Pajooh, comme symbole, comme porte-drapeau, pour réclamer haut et fort la libération de tous les journalistes injustement emprisonnés en Iran.

Comme 25 de ses collègues, Fariba Pajooh paie sa liberté d'esprit, son amour de la vérité, son combat pour une patrie moderne et démocratique. Après un mois en isolement total, elle a partagé la cellule d'une autre journaliste féminine, Hengameh Shahidi, qui vient d’être libérée. Fariba ne sait pas de quoi elle est accusée, elle ne peut pas avoir de contacts avec ses avocats. Seuls de brefs instants de communication sont autorisés sporadiquement avec sa famille à qui elle confie, dans un sourire triste, qu'on la presse d'avouer (avouer quoi? Pressée comment?)

Nous réclamons pour elle, pour Bahman Ahmadi Amouyee, pour Ahmad Zaidabadi et pour la vingtaine d'autres dont les noms sont moins connus, la liberté immédiate et totale.

Nous témoignons de notre solidarité avec ces confrères et consoeurs brimés, nous exigeons de nos dirigeants qu'ils fassent pression sur le gouvernement iranien pour obtenir qu'il es rende à leurs familles et à leur profession, qui est aussi la nôtre.