samedi 18 avril 2009

Violence sexuelle au sein des forces armées U.S.

Helen Benedict vient de publier un livre choc, un livre choquant, sur la violence sexuelle dont sont régulièrement victimes les femmes qui servent dans les forces armées américaines en Irak.
Basé sur l’interview de 40 femmes, son essai - The Lonely Soldier : The Private War of Women Serving in Iraq - décrit une atmosphère angoissante de harcèlements, d’attouchements et de viols.
Sur ces 40 femmes interrogées, 28 ont été harcelées sexuellement, agressées ou violées.
Ces chiffres expriment mal les souffrances rencontrées par ces femmes le plus souvent isolées au sein d’unités largement dominées par les hommes. Les « incidents » sont rarement rapportés aux autorités et les coupables encore plus rarement inquiétés. « Je crains davantage mes compagnons d’armes que les tirs de mortiers », déclare l’une des femmes interviewées.
Selon des études officielles, 30% des femmes militaires ont été violées durant leur temps de service, 71% ont été sexuellement agressées et 90% ont été victimes de harcèlement.

Helen Benedict est journaliste, écrivain et professeur à l’Ecole de journalisme de l’Université de Columbia (New York). Son livre est publié chez Beacon Press.

mercredi 15 avril 2009

Etats-Unis: au secours, les néo-nazis reviennent

Le Département de la sécurité intérieure des Etats-Unis (l'entité chargée de lutter en particulier contre le terrorisme) s’attend à une résurgence des groupes d’extrême droite. Une note récemment publiée par son Bureau de renseignement et d’analyse (DHS/I&A) estime que plusieurs facteurs pourraient créer un terreau propice aux opérations de recrutement de l’extrême droite : la crise économique avec son cortège de pertes d’emploi, de faillites et de saisies immobilières ; l’élection du premier président afro-américain ; le retour d’anciens combattants bien entrainés de la guerre d’Irak ; des tentatives gouvernementales de restreindre la vente d’armes à feu, suite aux récents massacres et à l’explosion de violence liée au trafic de drogue dans les Etats frontaliers du Mexique.
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Si le Department of Homeland Security ne décèle aucun signe d’attentats imminents, il note une augmentation des achats et stockages d’armes ainsi qu’une participation accrue aux exercices d’entrainement organisés par des groupes paramilitaires.
Le service de renseignement rappelle que la situation actuelle ressemble à celle qui avait prévalu lors de la crise économique des années 90 et qui avait débouché notamment sur l’attentat terroriste d’Oklahoma City, perpétré par un membre d’une organisation d’extrême droite.
Ces facteurs, note le département, pourraient « déboucher sur l’émergence potentielle de groupes terroristes ou d’extrémistes isolés capables de mener à bien des attaques violentes ».
Peu présente sur la scène politique conventionnelle dominée par les deux grands partis Démocrate et Républicain, l’extrême droite dispose toutefois de groupes très bien organisés qui gravitent autour de « partis de la suprématie blanche », de mouvements racistes et de clubs de propriétaires d’armes à feu.
L’analyse des « conversations Internet » de l’extrême droite indique que trois groupes risquent d’être particulièrement visés : la communauté juive, cible traditionnelle des néo-nazis américains, accusée d’être à l’origine de la crise de Wall Street ; la communauté noire en raison de la présence de Barack Obama à la Maison Blanche ; les immigrés, en particulier les Mexicains, accusés de « prendre le boulot des Américains ».

La thèse du grand complot
S’il y a lieu de faire la différence entre les milieux conservateurs, notamment au sein de la mouvance chrétienne, et l’extrême droite, cette dernière chercherait aussi à mobiliser autour de « questions éthiques », comme la libéralisation de l’avortement et la reconnaissance des droits des homosexuels.
La profondeur de la crise économique attiserait par ailleurs les groupes « conspirationnistes » qui prédisent depuis des années l’effondrement des Etats-Unis et la chute de leur pays dans une guerre sociale et raciale totale. Cette paranoïa est renforcée par la montée en puissance de pays comme la Chine, le Brésil ou la Russie. Certains extrémistes estiment même que ce "déclin américain" est favorisé par des groupes et des personnes « cosmopolites » infiltrées au sein du gouvernement américain.
L'alerte est sérieuse: le Bureau de renseignement et d’analyse ajoute qu'Internet a rendu plus facile non seulement le cryptage des communications mais aussi l’acquisition de données sur la fabrication d’armes, les tactiques militaires ou l’identification des cibles. Il relève également que des groupes extrémistes néo-nazis, skinheads, se sont engagés au sein des forces armées américaines « pour y apprendre l’art de la guerre ».

Voir le document: Rightwing Extremism: Current Economic and Political Climate Fueling Resurgence in Radicalization and Recruitment.
Etats-Unis : danger extrême-droite
http://www.fas.org/blog/secrecy/2009/04/rightwing_extremism.html

Grotius.fr, un site spécialisé dans les médias et l'humanitaire

Un nouveau média en ligne vient de paraître. Spécialisé dans les questions humanitaires et leur couverture médiatique, grotius.org, est dirigé par Jean-Jacques Louarn, rédacteur en chef Afrique de Radio France Internationale.
Parmi les collaborateurs de ce site, Stéphane Hessel, Michel Agier...et Jean-Paul Marthoz
http://www.grotius.fr/node/152

mardi 14 avril 2009

Washington -La Havane: ça bouge!

Chose promise, chose faite. En lever de rideau de sa « semaine latino-américaine » qui le conduira à Trinidad y Tobago pour le Sommet des Amériques et au Mexique, le président Obama a annoncé une série de mesures qui touchent au dossier hyper-sensible de Cuba et rompent avec la politique de l’administration Bush.
Désormais, les citoyens américains d’origine cubaine pourront voyager et dépenser sans restriction sur l’île. Les limites imposées aux transferts d’argent destinés aux familles résidant à Cuba sont également levées.
Barack Obama prépare par cette mesure son entrée en scène au Sommet de l’OEA (Organisation des Etats Américains) prévu du 17 au 19 avril à Trinidad y Tobago, dans la mer des Caraïbes. Cette réunion quadri-annuelle marque le premier contact du nouveau président américain avec l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement de la région, à l’exception du président cubain Raul Castro, dont le pays a été exclu de l’OEA en 1962.
Même si nombre de gouvernements latino-américains, à l’instar de la Colombie, du Mexique ou du Pérou, n’ont pas guère de sympathie idéologique pour le régime castriste, les dirigeants du sous-continent estiment qu’il est temps pour les Etats-Unis de normaliser leurs relations avec La Havane et de reconnaître le « pluralisme » politique dans le cadre des relations interaméricaines. Le « virage à gauche » de l’Amérique latine a renforcé cette volonté de mettre un terme à l’ « anormalité » de l’exclusion de Cuba des institutions interaméricaines.

Un renvoi d'ascenseur?
La voie est étroite, toutefois, pour Obama. L’Amérique latine attend une véritable normalisation, c’est-à-dire la levée de l’embargo américain, et l’instauration de relations diplomatiques complètes entre les deux pays. Or, pour des raisons essentiellement d’ordre intérieur, l’administration démocrate ne s’estime pas en mesure d’adopter à ce jour une politique aussi audacieuse. Même si la communauté cubaine exilée est désormais divisée sur l’attitude à adopter et la méthode à suivre à l’égard du régime castriste, la question de la démocratie à Cuba reste au cœur du débat et le président démocrate ne peut pas se permettre d’être dénoncé comme un « bradeur des libertés ».
En d’autres termes, dans d’influents milieux des Etats-Unis, l’assouplissement des relations est perçu non pas comme une simple reconnaissance de la souveraineté cubaine et du régime castriste, mais bien comme un changement de méthode afin d’arriver au même objectif immuable : la libéralisation politique et, à terme, la fin du règne communiste.
A Cuba, la plupart des dissidents ont exprimé leur appui aux mesures adoptées par Barack Obama car ils y voient, en premier lieu, l’occasion d’améliorer la situation familiale et financière de nombreux Cubains. Mais ils en attendent surtout une pression accrue sur le gouvernement castriste afin que celui-ci réponde par un geste de conciliation aux avances de Washington.
Raul Castro va-t-il se sentir obligé de libérer des prisonniers politiques ou de lever à son tour certaines des nombreuses restrictions qui encadrent la vie des Cubains ? Si rien ne se passe, Barack Obama aura du mal à poursuivre sur la voie de la détente car il sera soumis au tir de barrage de la droite américaine qui a fait de Cuba l’un de ses sujets phares, à l’instar de l’appui accordé à l’Etat d’Israël.

mardi 7 avril 2009

Obama rime avec Cuba

Le détroit de Floride se rétrécit. Depuis l’arrivée d’Obama à la Maison Blanche, les Etats-Unis et Cuba semblent vouloir établir leurs tumultueuses relations sur d’autres bases que l’idéologie et la confrontation.
Lundi, une délégation parlementaire étatsunienne était à La Havane où elle s’est entretenue avec le président Raul Castro. Quelques jours plus tôt, un projet de loi avait été déposé au Congrès avec l’appui de parlementaires démocrates et républicains en vue de restaurer le droit des citoyens américains à se rendre librement à Cuba. Début mars, le Congrès avait déjà voté en faveur de la levée des restrictions imposées par l’administration Bush qui entravaient la visite des Cubains-américains sur l’île et le transfert d’argent à leurs familles.
S’approcherait-on de la levée de l’embargo, du « blocus » comme le dénonce avec quelque outrance, le gouvernement cubain ? Les pressions se font de plus en plus insistantes en effet afin de convaincre Washington de mettre un terme à une politique imposée 47 ans plus tôt au moment de la Guerre Froide.
En fait, l'embargo au lieu d'isoleer Cuba a fini par isoler Washington. Depuis plusieurs années, aux Nations Unies, l’ensemble des Etats-membres demandent régulièrement la fin de l’embargo, une résolution rejetée uniquement par 3 pays, les Etats-Unis, Israël et les îles Palau.
Les organisations de défense des droits de l’homme comme Human Rights Watch ou Amnesty International appuient également cette demande, en estimant que l’embargo est non seulement à l’origine de violations de droits humains (liberté de circulation, liberté d’expression, accès aux médicaments, etc.), mais aussi qu’il a échoué à favoriser la démocratisation.
Ce camp des adversaires de l’embargo a été renforcé dernièrement par de puissants lobbies économiques qui voient avec agacement leurs concurrents européens, latino-américains, chinois et indiens, s’installer sur l’île. La perspective d’exploitation pétrolière dans les eaux territoriales cubaines a aiguisé leur volonté de normaliser les relations avec La Havane. Pourquoi, argument-ils, ne commerçons-nous pas avec Cuba alors que nous n’avons aucun problème à traiter avec la Chine ou l’Arabie saoudite ?

Le poids de l'histoire
Les raisons de ce long blocage sont multiples : elles tiennent à la fois à l’histoire (la victoire castriste fut un coup de tonnerre dans les relations interaméricaines car de pays-colonie américaine, Cuba devint la tête de pont du bloc soviétique dans l’arrière-cour » des Etats-Unis »), à la psychologie (le sentiment d’impuissance de la superpuissance étatsunienne face à ce qui ressemblait à un « moustique des Caraïbes » et la « névrose obsidionale » cubaine alimentée par des années de tentatives de déstabilisation) et à la politique électorale (la communauté cubaine exilée qui fait la pluie et le beau temps dans des Etats importants comme la Floride et le New Jersey bénéficie également d’un large appui au sein des milieux conservateurs américains).
Il ne sera pas donc facile pour le président Obama de détricoter d’un seul coup un demi-siècle de contentieux. Le vice-président Joe Biden l’a réaffirmé lors de sa récente tournée en Amérique latine : pas question de lever l’embargo sans ouverture politique à Cuba.
Si les deux pays semblent souhaiter une normalisation, ils en attendent toutefois des résultats diamétralement opposés. Raul Castro table sur ce scénario pour renforcer son régime communiste, menacé par l’impact de la crise mondiale alors que Barack Obama considère la décrispation comme un levier de la démocratisation.
Les organisations de défense des droits humains font le même pari et il ne pourrait être question pour elles de confondre un nécessaire « engagement » avec un abandon de la « diplomatie de la liberté ».
A suivre donc…