mardi 14 avril 2009

Washington -La Havane: ça bouge!

Chose promise, chose faite. En lever de rideau de sa « semaine latino-américaine » qui le conduira à Trinidad y Tobago pour le Sommet des Amériques et au Mexique, le président Obama a annoncé une série de mesures qui touchent au dossier hyper-sensible de Cuba et rompent avec la politique de l’administration Bush.
Désormais, les citoyens américains d’origine cubaine pourront voyager et dépenser sans restriction sur l’île. Les limites imposées aux transferts d’argent destinés aux familles résidant à Cuba sont également levées.
Barack Obama prépare par cette mesure son entrée en scène au Sommet de l’OEA (Organisation des Etats Américains) prévu du 17 au 19 avril à Trinidad y Tobago, dans la mer des Caraïbes. Cette réunion quadri-annuelle marque le premier contact du nouveau président américain avec l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement de la région, à l’exception du président cubain Raul Castro, dont le pays a été exclu de l’OEA en 1962.
Même si nombre de gouvernements latino-américains, à l’instar de la Colombie, du Mexique ou du Pérou, n’ont pas guère de sympathie idéologique pour le régime castriste, les dirigeants du sous-continent estiment qu’il est temps pour les Etats-Unis de normaliser leurs relations avec La Havane et de reconnaître le « pluralisme » politique dans le cadre des relations interaméricaines. Le « virage à gauche » de l’Amérique latine a renforcé cette volonté de mettre un terme à l’ « anormalité » de l’exclusion de Cuba des institutions interaméricaines.

Un renvoi d'ascenseur?
La voie est étroite, toutefois, pour Obama. L’Amérique latine attend une véritable normalisation, c’est-à-dire la levée de l’embargo américain, et l’instauration de relations diplomatiques complètes entre les deux pays. Or, pour des raisons essentiellement d’ordre intérieur, l’administration démocrate ne s’estime pas en mesure d’adopter à ce jour une politique aussi audacieuse. Même si la communauté cubaine exilée est désormais divisée sur l’attitude à adopter et la méthode à suivre à l’égard du régime castriste, la question de la démocratie à Cuba reste au cœur du débat et le président démocrate ne peut pas se permettre d’être dénoncé comme un « bradeur des libertés ».
En d’autres termes, dans d’influents milieux des Etats-Unis, l’assouplissement des relations est perçu non pas comme une simple reconnaissance de la souveraineté cubaine et du régime castriste, mais bien comme un changement de méthode afin d’arriver au même objectif immuable : la libéralisation politique et, à terme, la fin du règne communiste.
A Cuba, la plupart des dissidents ont exprimé leur appui aux mesures adoptées par Barack Obama car ils y voient, en premier lieu, l’occasion d’améliorer la situation familiale et financière de nombreux Cubains. Mais ils en attendent surtout une pression accrue sur le gouvernement castriste afin que celui-ci réponde par un geste de conciliation aux avances de Washington.
Raul Castro va-t-il se sentir obligé de libérer des prisonniers politiques ou de lever à son tour certaines des nombreuses restrictions qui encadrent la vie des Cubains ? Si rien ne se passe, Barack Obama aura du mal à poursuivre sur la voie de la détente car il sera soumis au tir de barrage de la droite américaine qui a fait de Cuba l’un de ses sujets phares, à l’instar de l’appui accordé à l’Etat d’Israël.