mercredi 21 janvier 2009

Attention, nous sommes distraits...

Lorsque tous les médias du monde se concentrent sur un sujet d’actualité, c’est le moment que les régimes autoritaires choisissent pour faire leurs mauvais coups. Ni vu ni connu.
Ainsi, les autorités iraniennes ont arrêté mercredi une secrétaire qui assistait deux organisations des droits de l’homme financées par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.
En Russie, des tueurs à gage ont assassiné Stanislav Markelov, un célèbre avocat défenseur des droits de l’homme et Anastazia Baburova, une journaliste de Novaia Gazeta, le journal où travaillait jusqu'à son assassinat en 2006 Ana Politkovskaia.
Au Zimbabwe, Robert Mugabe a une nouvelle fois remis en cause les accords qui pourraient conduire à une solution à la crise dans laquelle il a plongé son pays. En Chine, les autorités ont poursuivi leur répression contre les dissidents.
Ces arrestations, ces assassinats, sont aussi un message adressé au nouveau président américain, en fait un défi. Plus personne, dans ces régimes autoritaires, ne semble craindre la réprobation internationale. Ils savent que la crise économique et le conflit du Proche-Orient vont imposer d’autres priorités que les droits de l’homme.
Il va donc falloir crier plus fort, rappeler sans relâche aux gouvernements démocratiques que la diplomatie des droits de l’homme n’est pas seulement une note de bas de page ou une simple question de morale mais qu’elle relève aussi de la Realpolitik.

mardi 6 janvier 2009

Le droit humanitaire comme épée et bouclier de la guerre

L'invocation du droit humanitaire est au coeur des propagandes qui s'entrecroisent à propos des combats à Gaza. L'ambassadrice d'Israël à Bruxelles tout comme la représentante de la Palestine Leila Shahid se sont toutes deux référées aux conventions de Genève lors des interviews qu'elles ont accordées à la RTBF.
Face aux images de terreur, de mort et de destruction, il est urgent de se justifier par le droit et la vertu. Israël, en particulier, sait que l'opinion internationale qu'il courtise aux Etats-Unis et en Europe attend davantage d'un Etat qui se dit démocrate que d'un gouvernement dirigé par un groupe islamique extrémiste.
Avec ses tirs de roquettes sur les villages israéliens, à l'image des tirs du Hezbollah lors de la guerre du Liban, le Hamas commet en toute connaissance de cause une violation grave du droit de la guerre. Ces roquettes ne remplissent aucune fonction militaire, mais servent uniquement à terroriser la population civile.
L'armée israélienne est beaucoup plus sophistiquée: maîtrisant le langage des conventions de Genève, elle parle de proportionnalité, de choix soigneux des cibles, du recours du Hamas au bouclier humain, etc.
Toutefois, ces arguties juridiques sont aussi imprécises que les bombes et les obus de Tsahal. Le commissaire européen Louis Michel l'a déclaré sans ambages: Israël viole le droit humanitaire.
Tsahal en est d'autant plus consciente qu'elle a pris soin, étonnant pour une démocratie, d'interdire l'accès des journalistes à Gaza. Ainsi, les dénonciations ne pourront venir de que de "sources partiales", les parents des victimes...
Pour percer ces murs de la propagande et contribuer ainsi à dissiper le nuage de la guerre, je vous conseille de visiter les sites des organisations qui, elles, placent la personne humaine au centre de leur action: le Comité international de la Croix-Rouge, Human Rights Watch, Amnesty international.

vendredi 2 janvier 2009

Liberté pour Liu Xiaobo

Plus de 160 intellectuels, écrivains, chercheurs, défenseurs des droits de l'homme, ont signé une pétition demandant la libération du dissident chinois Liu Xiaobo, inspirateur de la Charte 08, un appel à l'ouverture et à la démocratisation du système chinois. Cette lettre peut être lue sur le site de Human Rights Watch
http://www.hrw.org/en/news/2008/12/22/letter-consortium-release-liu-xiaobo-chinas-president-hu-jintao

Le texte intégral en français de la Charte 08
http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-le-texte-integral-du-manifeste-des-dissidents-chinois-la-charte--9958.asp?1=1

jeudi 1 janvier 2009

La mort d'une grande dame, Helen Suzman

L'année 2008 s'était mal terminée, avec la reprise des tirs de roquettes du Hamas et les bombardements israéliens à Gaza. L'année 2009 commence mal avec l'annonce, ce matin, du décès d'Helen Suzman, la grande dame de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.
Voix prophétique et isolée au sein de la "tribu blanche", elle s'était élevée contre un système d'oppression et de mépris. Elle avait contribué à sortir le combat antiségrégationniste des ornières du "communautarisme" et renforcé la dimension démocratique et humaniste d'une lutte qui aurait pu n'être que raciale.
Courageuse, prenant des risques énormes pour défendre l'égalité, elle prônait en même temps une solution équitable et raisonnable, à mille lieues des tentations radicales de répondre à la violence par la violence.
Partisane comme Nelson Mandela du "non-racialisme", elle a toujours cru, obstinément, à la réussite de sa cause. "J'ai toujours été absolument certaine que tôt ou tard, écrivait-elle dans ses mémoires parues en 1993, qu'un accord serait trouvé entre les modérés de toutes les races. Le présent immédiat appartient aux extrémistes, mais l'avenir appartient aux modérés".
Cette phrase pourrait servir à condamner aujourd'hui tous ceux qui, en Israël et en Palestine, continuent à croire à la loi du talion et au pouvoir de la haine. Elle devrait donner espoir aux artisans de la paix qui s'obstinent à parier sur la raison et l'humanité.

A relire: In No Uncertain Terms, par Helen Suzman, Editions Sinclair Stevenson, Londres, 1993.