jeudi 1 janvier 2009

La mort d'une grande dame, Helen Suzman

L'année 2008 s'était mal terminée, avec la reprise des tirs de roquettes du Hamas et les bombardements israéliens à Gaza. L'année 2009 commence mal avec l'annonce, ce matin, du décès d'Helen Suzman, la grande dame de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.
Voix prophétique et isolée au sein de la "tribu blanche", elle s'était élevée contre un système d'oppression et de mépris. Elle avait contribué à sortir le combat antiségrégationniste des ornières du "communautarisme" et renforcé la dimension démocratique et humaniste d'une lutte qui aurait pu n'être que raciale.
Courageuse, prenant des risques énormes pour défendre l'égalité, elle prônait en même temps une solution équitable et raisonnable, à mille lieues des tentations radicales de répondre à la violence par la violence.
Partisane comme Nelson Mandela du "non-racialisme", elle a toujours cru, obstinément, à la réussite de sa cause. "J'ai toujours été absolument certaine que tôt ou tard, écrivait-elle dans ses mémoires parues en 1993, qu'un accord serait trouvé entre les modérés de toutes les races. Le présent immédiat appartient aux extrémistes, mais l'avenir appartient aux modérés".
Cette phrase pourrait servir à condamner aujourd'hui tous ceux qui, en Israël et en Palestine, continuent à croire à la loi du talion et au pouvoir de la haine. Elle devrait donner espoir aux artisans de la paix qui s'obstinent à parier sur la raison et l'humanité.

A relire: In No Uncertain Terms, par Helen Suzman, Editions Sinclair Stevenson, Londres, 1993.