L’attaque israélienne contre Gaza suscite de vives réactions de protestation de par le monde. La riposte israélienne aux tirs de roquettes du Hamas est clairement disproportionnée et provoque par son caractère indiscriminé de nombreuses victimes civiles. La condamnation des bombardements doit par ailleurs s’étendre plus largement à la politique de blocus imposée par Israël à la bande de Gaza. La violence actuelle trouve certainement son origine dans l’extrémisme du Hamas, mais elle résulte tout autant de l’implacable indifférence israélienne à l’égard de la tragédie des populations civiles palestiniennes.
Toutefois, la mobilisation pour un cessez-le-feu doit exiger en même temps l’arrêt des tirs de roquettes du Hamas contre des villages israéliens. Ces tirs, comme le souligne Amnesty International, sont aussi illégaux que les bombardements israéliens. Plus prosaïquement, ils démontrent le mépris des activistes du Hamas non seulement pour la vie des civils israéliens mais aussi pour leur propre population, qu’ils transforment en victimes innocentes des attaques israéliennes.
Israël et le Hamas prennent les civils des deux camps en otage. Cette année, selon Amnesty international, 650 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, dont un tiers de civils non armés et 70 enfants. Au cours de la même période, les groupes palestiniens ont tué 25 Israéliens, dont 16 civils (parmi eux, 4 enfants). www.amnesty.org/en/news-and-updates/)
Le conflit israélo-palestinien a trop longtemps souffert de la partialité de ceux qui s’y engagent. En appliquant des critères différents à leurs amis et à leurs ennemis, les lobbies pro-israéliens et pro-palestiniens contribuent à la perpétuation de l’état de guerre et à l’éloignement d’une solution pacifique et équitable du conflit. En d’autres termes, ils se comportent comme s’ils ne voulaient pas d’une solution équitable, mais bien de la victoire complète de leurs thèses et de leurs alliés.
La responsabilité de la communauté internationale est directement testée par cette nouvelle phase brutale du conflit. Elle implique elle aussi de réfléchir à la nécessaire impartialité dans la recherche d’une solution qui garantisse à la fois la sécurité d’Israël et la viabilité d’un Etat palestinien.
Les Etats-Unis sont en première ligne et l’on peut espérer que Barack Obama décidera de rompre avec l’appui inconditionnel de Washington à Israël, en dépit des violations systématiques du droit international, du droit humanitaire international et des droits de l’Homme dont l’Etat hébreu se rend coupable. La complaisance des Etats-Unis à l’égard de la poursuite des nouvelles implantations de colonies juives est une faute, mais elle est aussi une erreur. Elle compromet, si elle se poursuit, toute chance de renouer avec le monde arabe et de contribuer à sa nécessaire modernisation et démocratisation.
L’Europe, sottement accusée d’être pro-arabe par les milieux extrémistes pro-israéliens, ferait bien elle aussi d’exiger d’Israël le respect du droit. Elle suit depuis des années dans la région une politique mollassonne qui ne satisfait ni les Israéliens ni les Palestiniens et qui contribue par son indécision et son impuissance à l’aggravation du conflit.
Le respect des droits de l’Homme devrait être une ligne directrice de l’action de l’Union européenne et des Etats-Unis. Cette exigence devrait s’exprimer avec la même force à l’égard de toutes les parties au conflit. Des sanctions devraient être appliquées à ceux, quels qu’ils soient, qui violent le droit international et attisent les hostilités. Tout rehaussement des relations avec les pays de la région devrait dépendre de l’adoption par les pays bénéficiaires d’actes concrets visant à promouvoir la paix et le respect des droits humains.
Il est trop facile pour l’Europe ou pour les Etats-Unis de se réclamer de leurs « valeurs » et de leur attachement aux droits de l’homme en s’en prenant à des leaders pathétiques comme Robert Mugabe ou les généraux mafieux birmans. Le conflit israélo-palestinien offre l’un des tests les plus essentiels de leur prétention à mener une politique « éthique ». De leur action dépend également la possibilité d'assurer un ordre international plus juste et plus sûr
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans