La presse semble avoir pris la mesure de l’attentat d’Alexandrie contre la communauté copte. Dimanche soir au JT de la RTBF et ce lundi matin sur la Première, des correspondants ont donné du contexte et du sens à une information qui avait été ratatinée jusque-là à la seule dimension « comptable » de l’horreur terroriste.
Au-delà de cette réflexion sur la couverture médiatique d’un fait tragique, la question se pose, bien plus grave celle-là, de l’incapacité de la communauté internationale à protéger les minorités chrétiennes en terre d’islam.
« Nous sommes abandonnés par tout le monde », s’exclamait récemment un chrétien irakien.
La presse, en particulier, a-t-elle suffisamment parlé du sort réservé à ces communautés installées au Moyen-Orient des siècles avant les conquêtes musulmanes ? Tout mouvement de solidarité exige en effet une constance dans l’information. Il ne peut se développer si les médias ne couvrent qu’épisodiquement, à la suite d’un attentat par exemple, une situation permanente d’oppression et de répression.
Il dépend aussi de l’attention que lui accordent les gouvernements occidentaux, les plus importants « fixeurs d’agenda » de l’actualité. Si les ministères des affaires étrangères ou l’Union européenne ne relaient pas le travail d’information des journalistes, une cause ne peut que très difficilement prospérer.
Or, les pays européens et, dans une moindre mesure, les Etats-Unis, davantage tenus à l’œil par leurs groupes de pression chrétiens, sont embarrassés par cette dégradation de la situation des chrétiens d’Orient.
S’ils craignent à juste titre d’aggraver le cas de ces derniers en donnant des arguments aux islamistes toujours prêts à dénoncer les « nouveaux croisés », ils ont du mal également à semoncer des gouvernements avec lesquels ils entretiennent d’étroites relations économiques ou stratégiques.
Personne au sein des chancelleries occidentales n’est dupe. Les attentats sont certes perpétrés par des groupes terroristes hostiles aux satrapies arabes « modérées », mais la situation des chrétiens ne serait pas aussi difficile si les gouvernements arabes n’avaient pas mené des politiques de réislamisation et confirmé l’état de citoyens de seconde zone de leurs ressortissants chrétiens.
Le sort de ces derniers ne serait pas aussi désespérant si l’allié par excellence de l’Occident, l’Arabie saoudite, n’avait pas appuyé depuis des décennies des groupes religieux extrémistes dans l’ensemble du monde musulman.
Le risque est grand de se comporter aujourd’hui comme si les chrétiens en terre d’islam étaient une cause perdue. Comme si les pays arabes, incapables de diversité religieuse, étaient condamnés à se transformer davantage encore en un territoire réservé aux seuls musulmans.
Il est temps de se réveiller si l’on veut éviter que la thèse du « choc des civilisations », élaborée par Samuel Huntington, ne devienne une self-fulfilling prophecy. Ce combat concerne l’ensemble des partisans de la liberté et de l’égalité dans le monde. Il implique en premier lieu les pays musulmans qui, au-delà de leurs condamnations de ces attentats, doivent démontrer qu’ils sont capables d’accorder réellement la liberté de conscience et une réelle égalité à leurs minorités.
Le sort réservé par la plupart des pays arabes à leurs communautés juives dans les années 1950 fut un scandale. Il ne peut se répéter aujourd'hui avec les minorités chrétiennes.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans