lundi 29 décembre 2008

Stopper Israël et le Hamas

L’attaque israélienne contre Gaza suscite de vives réactions de protestation de par le monde. La riposte israélienne aux tirs de roquettes du Hamas est clairement disproportionnée et provoque par son caractère indiscriminé de nombreuses victimes civiles. La condamnation des bombardements doit par ailleurs s’étendre plus largement à la politique de blocus imposée par Israël à la bande de Gaza. La violence actuelle trouve certainement son origine dans l’extrémisme du Hamas, mais elle résulte tout autant de l’implacable indifférence israélienne à l’égard de la tragédie des populations civiles palestiniennes.

Toutefois, la mobilisation pour un cessez-le-feu doit exiger en même temps l’arrêt des tirs de roquettes du Hamas contre des villages israéliens. Ces tirs, comme le souligne Amnesty International, sont aussi illégaux que les bombardements israéliens. Plus prosaïquement, ils démontrent le mépris des activistes du Hamas non seulement pour la vie des civils israéliens mais aussi pour leur propre population, qu’ils transforment en victimes innocentes des attaques israéliennes.

Israël et le Hamas prennent les civils des deux camps en otage. Cette année, selon Amnesty international, 650 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes, dont un tiers de civils non armés et 70 enfants. Au cours de la même période, les groupes palestiniens ont tué 25 Israéliens, dont 16 civils (parmi eux, 4 enfants). www.amnesty.org/en/news-and-updates/)

Le conflit israélo-palestinien a trop longtemps souffert de la partialité de ceux qui s’y engagent. En appliquant des critères différents à leurs amis et à leurs ennemis, les lobbies pro-israéliens et pro-palestiniens contribuent à la perpétuation de l’état de guerre et à l’éloignement d’une solution pacifique et équitable du conflit. En d’autres termes, ils se comportent comme s’ils ne voulaient pas d’une solution équitable, mais bien de la victoire complète de leurs thèses et de leurs alliés.

La responsabilité de la communauté internationale est directement testée par cette nouvelle phase brutale du conflit. Elle implique elle aussi de réfléchir à la nécessaire impartialité dans la recherche d’une solution qui garantisse à la fois la sécurité d’Israël et la viabilité d’un Etat palestinien.

Les Etats-Unis sont en première ligne et l’on peut espérer que Barack Obama décidera de rompre avec l’appui inconditionnel de Washington à Israël, en dépit des violations systématiques du droit international, du droit humanitaire international et des droits de l’Homme dont l’Etat hébreu se rend coupable. La complaisance des Etats-Unis à l’égard de la poursuite des nouvelles implantations de colonies juives est une faute, mais elle est aussi une erreur. Elle compromet, si elle se poursuit, toute chance de renouer avec le monde arabe et de contribuer à sa nécessaire modernisation et démocratisation.

L’Europe, sottement accusée d’être pro-arabe par les milieux extrémistes pro-israéliens, ferait bien elle aussi d’exiger d’Israël le respect du droit. Elle suit depuis des années dans la région une politique mollassonne qui ne satisfait ni les Israéliens ni les Palestiniens et qui contribue par son indécision et son impuissance à l’aggravation du conflit.

Le respect des droits de l’Homme devrait être une ligne directrice de l’action de l’Union européenne et des Etats-Unis. Cette exigence devrait s’exprimer avec la même force à l’égard de toutes les parties au conflit. Des sanctions devraient être appliquées à ceux, quels qu’ils soient, qui violent le droit international et attisent les hostilités. Tout rehaussement des relations avec les pays de la région devrait dépendre de l’adoption par les pays bénéficiaires d’actes concrets visant à promouvoir la paix et le respect des droits humains.

Il est trop facile pour l’Europe ou pour les Etats-Unis de se réclamer de leurs « valeurs » et de leur attachement aux droits de l’homme en s’en prenant à des leaders pathétiques comme Robert Mugabe ou les généraux mafieux birmans. Le conflit israélo-palestinien offre l’un des tests les plus essentiels de leur prétention à mener une politique « éthique ». De leur action dépend également la possibilité d'assurer un ordre international plus juste et plus sûr

dimanche 21 décembre 2008

La torture? Toujours prêts!

Chaque jour la technologie fait de nouvelles prouesses, des savants inventent de nouveaux médicaments pour lutter contre le cancer, des chercheurs multiplient les découvertes. Pendant ce temp, la personne humaine semble rester immuable, bloquée dans son développement éthique et intellectuel.
Du moins, c’est ce qui ressort d’une nouvelle étude publiée par le Docteur Jerry Burger, de l’université de Santa Clara (Etats-Unis). Cinquante ans après la célèbre expérience réalisée par le professeur Stanley Milgram, de l’université de Yale, sur l’obéissance et la torture, Mr. Burger a testé dans son laboratoire le conformisme et le « devoir dû » face à des ordres qui imposent de faire souffrir des êtres humains.
Les résultats confirment qu’une majorité des personnes sont prêtes à pratiquer des sévices contre leurs semblables, alors que les victimes crient et se débattent.. Il suffit de les placer dans une situation où elles se sentent sous pression et surveillées par une autorité pour qu’elles acceptent de commettre, en toute connaissance de cause, des actes violents.
Ces hommes, insistent les chercheurs ne sont pas des monstres, mais des "hommes ordinaires".
« Même s’il est difficile de traduire ce type d’expérience dans le monde réel, explique le professeur Burger, elle pourrait expliquer pourquoi, lors de conflits, des gens prennent part à des actes de génocide ».
La BBC diffusera bientôt un reportage qui répète le test Milgram et débouche sur les mêmes résultats. Appelé à augmenter le voltage appliqué à une personne torturée, la plupart des participants obéissent. Pourquoi ? « Parce qu’ils s’identifient massivement au responsable de l’expérience, explique le Dr. Abigail San, et se laissent tellement absorber par l’objectif de la recherche qu’il ne leur reste plus de place pour se demander : mais qu’est-ce que j’en pense moralement ».
Comment réagir à ce constat désespérant? En éduquant à la dissidence? En pénalisant plus durement et plus largement les actes inhumains commis par les "fantassins" des dictatures ? Il incombe au mouvement des droits de l'homme de réfléchir à cette "faille" (in)humaine qui ne semble guère avoir progressé au même rythme que le droit international.

vendredi 19 décembre 2008

Cuba se moque de l'Union européenne

Ceux qui espéraient que le retrait de Fidel Castro coïncide avec une ouverture politique ne sont guère rassurés. Au moment où le Groupe de Rio, réuni dans la station balnéaire brésilienne de Costa do Sauipe, accueillait Raul Castro et intégrait Cuba en son sein, le Parlement européen, réuni à Strasbourg pour le 20e anniversaire des prix Sakharov, ne pouvait que constater l’immobilisme du régime. En dépit d’un respect scrupuleux des procédures règlementant l’octroi de visas, les lauréats cubains du Prix Sakharov, Oswaldo Paya et les Dames en blanc, n’ont pas reçu de permis de sortie. (Les lauréats ont été représentés à Strasbourg par Adam Mascaro Paya et Blanca Reyes, cette dernière exilée à Madrid).
Ce refus de La Havane est un défi lancé à l’Union européenne. Sous la pression du gouvernement socialiste espagnol, Bruxelles avait décidé en effet, en juillet dernier, de lever les sanctions imposées en 2003 à Cuba à la suite d’une vague d’arrestations sans précédent de journalistes et de dissidents.
L’UE, qui avait justifié cette levée des sanctions par sa volonté « d’encourager les premiers pas de Raul Castro sur le chemin de l’après Fidel », s’était engagée à surveiller de près l’évolution de la situation des libertés à Cuba. « La levée des sanctions nous donnera un moyen plus efficace de nous occuper des droits de l’homme », avait estimé le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères.
Force est de reconnaître que la nouvelle méthode européenne n’a pas eu les effets escomptés. La détente n’est pas à l’ordre du jour à Cuba. En refusant d’accorder des visas de sortie aux lauréats du prix européen le plus prestigieux, La Havane démontre que son interprétation de la levée des sanctions diffère radicalement de celle avancée par l’UE. .
Interdit de sortie, Oswaldo Paya, dirigeant du Mouvement chrétien libération (et vice-président de l’Internationale démocrate du centre présidée par l’ancien chef d’Etat mexicain Vicente Fox), (http://www.oswaldopaya.org/), a mis en garde l’Union européenne : « Si l’UE et ses Etats membres, menés par le gouvernement espagnol, continuent de réduire leurs exigences en matière de respect des droits de l’homme et, sous le prétexte du dialogue, de prendre leurs distances à l’égard de ceux qui défendent les droits de l’homme, cela ne servira qu’à voiler et justifier les violations des droits du peuple cubain ».
La Tchéquie, adversaire résolue du régime castriste, pourrait être tentée, au cours de sa prochaine présidence de l’UE, de remettre en cause l’engagement européen à l’égard de Cuba. A première vue, toutefois, une politique de durcissement pourrait sembler aller à contre-courant. L’Amérique latine plaide pour le « pluralisme » des régimes : à l’axe des « amis indéfectibles de la révolution cubaine » (Argentine, Bolivie, Equateur, Nicaragua, Paraguay), constitué autour du président vénézuélien Hugo Chavez, s’ajoute une série de pays beaucoup plus réticents à l’égard du régime, comme le Chili ou le Brésil, mais qui croient pouvoir faire d’une normalisation des relations avec La Havane un levier de l’ouverture politique.
Cuba est aujourd’hui moins isolée que lors de la crise économique des années 1990. Fort de l’appui que leur accorde le groupe de Rio, ayant renoué avec la Russie, commerçant avec la Chine, La Havane espère également que Barack Obama allègera les sanctions imposées par l’administration Bush, voire lèvera l’embargo (partiel) imposé il y a près de 50 ans.
Est-ce que cette décrispation aura pour conséquence une plus grande ouverture ou au contraire, donnera-t-elle confiance à un régime qui se fonde essentiellement sur le pouvoir militaire et le népotisme ? Les cérémonies du 50e anniversaire de la victoire castriste risquent de fournir l’occasion d’une réaffirmation de la « justesse du modèle castriste » et de dénonciation des dissidents comme autant de nostalgiques de l’Ancien Régime.
Cette question pour politologues et diplomates ne doit en aucun cas servir de prétexte à un oubli des droits de l’homme. L’ouverture cubaine ne se fera pas ou se fera dans de mauvaises conditions si les pays et les mouvements démocratiques n’appuient pas résolument les dissidents cubains, et en premier lieu ceux qui défendent une transition pacifique vers un système de libertés et de justice sociale. Ce qui est taxé d’ingérence par La Havane relève, en fait, du devoir de solidarité.
http://www.sakharovnetwork.rsfblog.org/

jeudi 18 décembre 2008

Le scandale Madoff touche durement les ONG

L’affaire Madoff, cette escroquerie de 50 milliards de dollars, ne se limite aux grandes banques américaines et européennes qui ont commis l’imprudence de s’acoquiner avec cet alchimiste de la basse finance. Aujourd’hui, ce sont des dizaines d’organisations non-gouvernementales, parmi les plus prestigieuses et les plus engagées des Etats-Unis, qui sont touchées de plein fouet par l’effondrement de leurs placements financiers.
L’impact est tel que Bernard Madoff a été déclaré « ennemi public numéro 1 du progressisme » par le Daily Kos, l’un des blogs « libéraux » c’est-à-dire anti-ultralibéral, les plus influents des Etats-Unis. Une des fondations les plus actives dans le domaine des droits de l’Homme, JEHT (Justice, Equality, Human Dignity and Tolerance), qui était financée par la famille Levy-Church, victime des fonds Madoff, vient d’annoncer qu’elle devait fermer. La plupart des projets qu’elle avait appuyés sont dès lors directement menacés : parmi les ONG les plus touchées, les grandes associations américaines de défense des droits de l’Homme, Amnesty International USA, Human Rights Watch, Human Rights First, mais aussi des groupes environnementaux, des médias alternatifs, comme le Center for investigative reporting ou le Center for Public Integrity, qui organisait notamment le Consortium international des journalistes d’investigation.

samedi 13 décembre 2008

Les aveugles volontaires

Dans son livre La Raison assiégiée, Al Gore revient sur le refus de la majeure partie des institutions américaines, et en premier lieu du Congrès et de la presse, de regarder en face les informations qui, en 2003, contredisaient la logique de guerre dans laquelle s’engageait l’administration Bush. Réfléchissant au chaos irakien l’ancien vice-président démocrate s’exclamait : « et pourtant, on disposait au moment crucial de tous les faits et arguments dont on avait besoin pour prendre la bonne décision».
La même volonté de ne pas savoir avait sévi lors des mois qui précédèrent la furie génocidaire du Rwanda. Malgré les reportages de journalistes décrivant l’ambiance délétère qui régnait à Kigali et l’impunité des journalistes qui attisaient la haine contre les Tutsis, malgré les mises en garde d’organisations de défense des droits de l’homme, les avertissements de l’ambassadeur belge et de Romeo Dallaire, commandant du contingent de la MINUAR, les gouvernements directement concernés et le secrétariat des Nations unies décidèrent de fermer les yeux et de se boucher les oreilles.

La Colombie oubliée
La liste est déjà longue des crises que l’on ne voulait pas voir et qui, brusquement, explosent au visage des aveugles volontaires. Malheureusement, elle n’est pas près d’être close. La Colombie nous offre depuis des mois un nouvel exemple de cette politique des œillères à laquelle s’adonnent trop souvent les démocraties occidentales.
La focalisation de toute l’information sur la séquestration d’Ingrid Betancourt a conduit, en effet, nombre d’observateurs à poser à un regard borgne sur la réalité colombienne, comme si les paléo-marxistes des FARC étaient la seule malédiction de ce pays.
Aujourd’hui, après la libération tant espérée de la célèbre politicienne franco-colombienne, d’autres informations surgissent, comme celles qui touchent aux paramilitaires ou aux exactions commises par les forces armées colombiennes. Certains, en Europe, font mine de « découvrir » que l’entourage du gouvernement colombien Alvaro Uribe était gangrené par le para-militarisme, cette nébuleuse de groupes armés d’extrême droite coupables de massacres d’une brutalité hallucinée et impliqués jusqu’au cou dans les spoliations de terres et le trafic international de stupéfiants. Certains réagissent comme s’ils prenaient pour la première fois toute la mesure de l’implication de l’armée colombienne dans la violence qui ravage le pays de Gabriel Garcia Marquez.
« J’ignorais tout de ces connivences », m’avouait un diplomate européen d’habitude très bien informé. Et pourtant, comme le disait Al Gore à propos de l’Irak, on disposait, en temps utile, de tous les faits et arguments dont on avait besoin pour prendre la bonne décision. Un regard même fugace sur les sites des organisations de défense des droits de l’Homme, une lecture même distraite du chapitre consacré à la Colombie dans le rapport annuel du Bureau of Human Rights du Département d’Etat, auraient suffi à susciter les doutes nécessaires. Le para-militarisme n’était pas une dérive criminelle de groupes incontrôlés, mais bien une politique terroriste parrainée de l’intérieur même de l’Etat.
Malgré cela, l’Union européenne continue d’accorder sa caution politique au régime d’Uribe. « Il a fait chuter l’insécurité , il a été réélu massivement et démocratiquement, nous confiait ce fonctionnaire, qui ajoutait : « le peuple colombien, de toutes façons, appuie les paramilitaires ». Le fait que le peuple allemand appuyait les SA ne les rendait pas moins coupables…

Kouchner dérape
Le moment est une nouvelle fois venu de tester le sérieux du discours de l’Occident sur la démocratie et les droits humains. Dans un brillant essai sur « le monde de demain » (Guerre ou Paix, Grasset, 2007), Laurent Cohen-Tanugi décrit l’émergence d’une nouvelle architecture mondiale au sein de laquelle les valeurs occidentales et l’universalisme risquent d’être marginalisées. Même si l’attachement de l’Europe et des Etats-Unis à leur rôle de « sentinelles de la liberté » a été relatif et aléatoire, cet héritage des Lumières doit être considéré comme un atout et non comme un handicap. Face à la brutalité des rapports de force internationaux, la tentation est grande en effet de se battre avec les armes de l’adversaire et d’abandonner aux seuls ONG les « gentillesses et les naïvetés » de la diplomatie des droits de l’Homme.
« L’aspiration mondiale à la dignité humaine est le défi central de l’éveil politique global, écrit Zbigniew Brzezinksi, ancien conseiller national de sécurité sous Jimmy Carter (1977-1981). Pour ce géopoliticien peu suspect d’irénisme, les Etats-Unis auront une « deuxième chance » s’ils élèvent les droits de l’homme au rang de « priorité globale ».
Ce n’est pas ce que pense « l’homme politique le plus aimé de France », Bernard Kouchner. Pour le ministre des relations extérieures, interviewé le 10 décembre par Le Parisien, il n’y a pas de place pour les droits de l’homme dans la diplomatie. La création du secrétariat aux Droits de l’Homme confié à Rama Yade, « était une erreur ». « C’est un retour effrayant à la Realpolitik », s’est exclamé Stephan Oberreit, directeur d’Amnesty International France.
L’Europe, les Etats-Unis et les démocraties du Sud ne peuvent espérer garder leur place dans cette planète en mouvement qu’en renforçant des valeurs que, trop souvent, ils bradent, mais qui continuent à inspirer partout dans le monde ceux qui veulent sortir du désastre annoncé par l’explosion des identités meurtrières et la prolifération des ambitions nationalistes, ethniques ou religieuses.

vendredi 5 décembre 2008

Un anniversaire négligé

La date semble presque oubliée comme si son évocation gênait. Le 9 décembre 1948, à la veille de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Le mot désignant le « crime parmi les crimes », la volonté d’exterminer un peuple ou une nation, avait été créé par Raphael Lemkin, un juriste juif polonais qui avait perdu 40 membres de sa famille dans l’Holocauste. Sa volonté de « nommer » ce crime de lèse-humanité était née bien plus tôt, lorsque, encore adolescent, il avait pris connaissance des atrocités perpétrées par les autorités ottomanes contre la communauté arménienne d’Anatolie. Près d’un million de personnes avaient été massacrées. Malgré l’indignation de diplomates, de missionnaires et de journalistes européens et américains qui assistèrent, impuissants, à l’extermination d’un peuple, et qui plaidèrent en vain pour l’intervention des armées occidentales.
Qui se souvient encore du massacre des Arméniens ?, se serait exclamé Hitler, lorsqu’il mit en œuvre la Shoah, la destruction des Juifs d’Europe.

Passivité
La date semble gêner, disais-je en début d’article. Oui, elle gêne parce que l’histoire de la Convention est celle de son non-respect. Confrontée à la réalité du génocide, la communauté internationale a couvert ses oreilles et détourné les yeux. Depuis 1948, des millions de personnes, membres de communautés désignées comme cibles par des gouvernements assassins, sont mortes au su et parfois au vu de tous. Biafra, Cambodge, Bosnie, Rwanda, Darfour: des massacres de masse se sont déroulés alors que les grands dirigeants du monde promettaient : « plus jamais ça ».
Aujourd’hui, alors que des populations civiles sont massacrées, que des femmes sont violées dans le cadre d’une politique de destruction collective, du Darfour à l’Est du Congo, la célébration de la Convention mériterait davantage qu’une simple mention avant que ne s’ouvrent les cérémonies d’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.