La victoire du Brésil au Comité international olympique nous a donné les larmes du président Lula et les explosions de joie des Cariocas.
Mais le défi est immense, aussi grand que celui auquel doit faire face l’Afrique du sud, hôte de la Coupe mondiale de football.
La ville de Rio pose, en effet, des problèmes de sécurité gigantesques aux organisateurs. Jon Lee Anderson en dresse un portrait glaçant, du sang, de la sueur et des larmes, dans l’un des derniers numéros de l’hebdomadaire The New Yorker.
Son reportage au cœur des favelas, les « banlieues » de Rio, donne une idée des difficultés qui attendent le gouvernement brésilien. Il y aurait aujourd’hui plus de mille favelas à Rio. Trois millions de personnes sur les 14 millions d’habitants de Rio y vivent, très souvent au milieu d’une violence attisée par le trafic de drogue, hors d’atteinte de l’autorité et des services de l’Etat..
Rio de Janeiro est la ville plus violente au monde, note l’auteur. 5000 meurtres ont été enregistrés l’année dernière, la moitié d’entre eux liés au trafic de drogue. Chaque jour, aussi, la police de Rio, gangrenée par l’arbitraire et la corruption, tue trois personnes, généralement « parce qu’elles résistaient à leur arrestation », soit 1.188 personnes en 2008. « En guise de comparaison, ajoute l’auteur, la police américaine tue 370 personnes par année sur tout le territoire américain».
Les journalistes ne pénètrent plus dans un certain nombre de favelas, car ils sont considérés comme des espions ou des ennemis par les gangs, les groupes paramilitaires, les escadrons de la mort et les forces de police qui se battent pour le contrôle du territoire. Plusieurs d’entre eux ont été assassinés.
Le gouvernement brésilien pourra-t-il changer en 6 ans ce qu’il n’a pu résoudre en deux siècles d’indépendance ? Les inégalités sociales, en dépit de la présence d’un président issu de la gauche, restent extrêmes et alimentent la « dictature de la délinquance ».
Rien ne prouve, non plus, que le boom économique attendu des Jeux olympiques profitera aux populations marginalisées ou si, au contraire, il aggravera leur exclusion.
En 1968, le Mexique avait rêvé de faire des J.O. un levier contre la pauvreté et le mal-développement. Il n’en fut rien.
Le Brésil va devoir prouver que ses milieux dirigeants sont différents, qu’ils considèrent les J.O. non pas comme le signe de leur puissance émergente sur la scène internationale, mais comme une occasion de rompre avec un modèle économique et social qui fabrique l’injustice et la violence..
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans