samedi 20 février 2010

Le rapport annuel du Comité de protection des journalistes

Le CPJ, Committee to Protect Journalists, vient de publier son rapport annuel, intitulé Attacks on the Press. Mardi, quatre chercheurs ou conseillers du CPJ (Nina Ognianova, Elisabeth Witchel, Borja Bergareche et Jean-Paul Marthoz) sont venus à Bruxelles pour présenter les principaux résultats du rapport et demander à l'Union européenne de prendre la défense des journalistes et de la liberté de la presse partout dans le monde.
L’association, basée à New York et appuyée par les représentants les plus prestigieux du journalisme américain, estime à 71 le nombre de journalistes qui sont morts l’année dernière dans l’exercice de leur profession.
Philippines, Russie, Chine, Cuba, Tunisie, Somalie, Colombie, etc. Le rapport détaille la situation qui prévaut dans de nombreux pays qui se distinguent par l’insécurité dans laquelle travaillent les journalistes.
Il identifie aussi des tendances lourdes : le nombre de plus en plus important des journalistes freelances, le lourd tribut payé par les journalistes locaux généralement les plus exposés, le développement du journalisme en ligne et la répression dont il fait l’objet.
Des chapitres régionaux abordent des thématiques spécifiques : l’impunité des tueurs en Russie, l’espionnage des journalistes et de leurs sources en Colombie, la condamnation à l’exil des reporters africains, l’impact des conflits armés en Asie sur la sécurité des journalistes.
Mais le rapport n’est pas seulement une longue liste d’abus et de brutalités. Il démontre aussi que la mobilisation des journalistes en faveur de leurs collègues peut être efficace, que des gouvernements soumis à la critique font des concessions, qu’ils libèrent des reporters emprisonnés, comme Maziar Bahari en Iran, ou rouvrent des dossiers négligés.
Si la grande presse souffre d’une crise économique inédite, des milliers de blogueurs et de citoyens s’échinent à faire circuler l’information, et surtout l’information qui dérange les satrapes et les tyrans. Comme l’écrit Joel Simon, le directeur exécutif du CPJ, en dépit des bouleversements que traverse la planète média ou peut-être grâce à eux, la tactique du « name and shame » est plus que jamais efficace.
Le rapport nous rappelle aussi que la répression des journalistes ou leur exclusion des zones de conflits ne sont pas une affaire corporatiste. C'est l'ensemble de la société qui est affectée par la censure. Et l'absence d'images ou d'infos laisse les individus et les sociétés à la merci des dictateurs et des tueurs.

Note : Le rapport, préfacé par Fareed Zakaria, le célèbre chroniqueur de Newsweek et l'auteur de l’Empire américain et de L’avenir de la liberté, existe en version papier (360 pages). Il est téléchargeable sur le site du CPJ, www.cpj.org