Le monde est ainsi fait qu'il vit au rythme des modes et des dogmes. L'aide au développement n'échappe pas à ce phénomène de la pensée conforme. Depuis quelques années, le micro-crédit est décrit dans des milieux influents de la coopération comme "la" formule idéale de lutte contre la pauvreté. D'autant plus qu'il prétend promouvoir une responsabilisation des personnes démunies. Au lieu de leur donner de l'argent, on leur prête ce qui est présenté comme le levier de leur autonomisation.
Quelques voix avaient bien tenté de formuler des réserves et des objections, fondées sur l'observation des conditions réelles dans lesquelles se pratiquait le micro-crédit sur le terrain, mais elles étaient "hors la mode" et dès lors inaudibles.
L'euphorie semble aujourd'hui relever du passé. De plus en plus de rapports remettent le "mythe" du microcrédit en perspective et constatent que finalement, la plupart des prêts débouchent sur des échecs. Newsweek vient d'y consacrer un court papier intitulé le "microbordel" (micromess) qui reprend en particulier une étude particulièrement négative du MIT (Massachusetts Institute of Technology)sur le bilan d'une expérience de microcrédit en Inde. Le taux de succès serait de 5%.
Les chiffres seraient similaires dans d'autres pays, note Newsweek. En raison principalement du hijacking du concept par les banques privées, des taux d'intérêt exorbitants et du manque de formation et d'expérience des "bénéficiaires".
L'heure de l'introspection est venue. En espérant que cette fois, une mode tout aussi aveuglante ne succède au dogme déchu.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans