samedi 9 janvier 2010

Qui manifeste pour les chrétiens de Malaisie et d'Egypte?

Des Eglises chrétiennes sont incendiées par des bandes d’extrémistes musulmans en Malaisie, sept membres de la minorité copte sont tués en Haute-Egypte. Et personne ne bouge.
La valeur humaine des croyants varierait-elle selon la religion qu’ils professent ? La violence contre des chrétiens serait-elle moins grave que les attaques contre des musulmans? L'assassinat de chrétiens serait-il moins condamnable que la publication des caricatures de Mahomet, un acte qui avait provoqué des explosions de colère dans de nombreux pays musulmans et de vives réprobations au sein des milieux antiracistes européens ?
Où sont les militants de l’inter-culturalité et de l’antiracisme lorsqu'il s'agit de dénoncer les violences et les discriminations contre des religions qu'ils semblent considérer par définition comme occidentales et donc coupables? Ils devraient être dans la rue, comme ils l’ont été, avec raison, lorsque des musulmans subissent agressions ou discriminations.
Le choc des civilisations est inéluctable si l’on juge à diverses aunes les attaques dont sont victimes les minorités religieuses ou philosophiques. Celles-ci ont droit à la même protection et les discriminations et violences dont elles souffrent doivent être dénoncées avec la même vigueur, ici et ailleurs. Dans le respect de l’égalité des droits et de la liberté de conscience. C’est le fondement même de la laïcité et de la philosophie des droits de l’Homme.
On rêverait de voir des Européens tiers-mondistes et des musulmans modérés manifester devant les ambassades d’Egypte et de Malaisie à Bruxelles pour exiger que ces pays garantissent non seulement la protection des chrétiens, mais aussi la fin des discriminations qui font de ceux-ci des citoyens de seconde zone.
Cette mobilisation conforterait les Juifs qui critiquent les politiques de répression et de colonisation menées par le gouvernement israélien dans les territoires palestiniens occupés. Elle renforcerait les catholiques qui sont indignés par la décision de Benoît XVI de canoniser Pie XII et sa volonté de pousser l’Eglise dans l’impasse du passéisme. Elle aiderait les protestants qui s'insurgent contre la croisade menée par des sectes évangéliques réactionnaires en Afrique notamment.
Elle rassurerait tous ceux, ici, qui non seulement parient sur la possibilité de l'islam d'être en phase avec la modernité mais pensent également que les musulmans européens ont, dans ce combat des idées et dans cette solidarité avec toutes les victimes, une responsabilité toute particulière.