J’ai été touché par une séquence du JT de ce lundi. Lors d’un reportage sur les nouveaux passeports biométriques, un photographe indépendant nous a rappelé que plusieurs milliers de ses collègues ont du fermer boutique à la suite des chambardements technologiques qui ont bousculé leur métier. « Ils sont aussi nombreux que les ouvriers licenciés par Renault Vilvorde », a-t-il ajouté.
Et c’est là que le problème se pose car personne n’a protesté. Il n’y a pas eu de « procédure Renault », il n’y a pas eu de manifestations européennes contre les délocalisations et les pertes d’emplois. Non, il n’y a eu que le silence. Ou plutôt le bruit du volet qui se ferme une dernière fois sur une petite entreprise. Sur une vie.
Le sort des petits indépendants n’intéresse pas beaucoup les milieux progressistes. Les « boutiquiers » sont tous, par principe, par métier, suspects d’être poujadistes, accusés d’être des individualistes et donc responsables de leur propre détresse.
Il n’intéresse pas beaucoup non plus les milieux ultralibéraux : trop petits, trop modestes. On préfère défendre les patrons de banques que les épiciers ou les artisans.
Et si les progressistes commençaient à s’intéresser à ces indépendants « licenciés »?
Contrairement à une certaine vulgate de gauche, le progressisme n’est pas lié au salariat. Il se définit par l’attention qu’il porte aux personnes victimes du système économique, de ses chocs et de ses injustices. Ces milliers d’indépendants méritent notre attention, tout autant que les ouvriers d’Arcelor ou les employés de Fortis.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans