L’assassinat de Natalya Estemirova a choqué ceux qui avaient eu le privilège de la rencontrer et surtout ceux qui attendaient tant d’elle, de ses enquêtes, de ses dénonciations, de ses démarches.
Lors du week end, j’ai publié sur le site du CPJ (Committee to Protect Journalists) un article qui avait pour titre « On ne tue pas un sujet en tuant un journaliste ». Et Ron Koven, le représentant à Paris du World Press Freedom Committee, tout aussi choqué que nous tous, a réagi en estimant que les salauds qui ont tué Natalya ne se préoccupaient pas de l’opinion internationale et que finalement le « système » avait obtenu ce qu’il voulait : écarter de la Tchétchénie tous les empêcheurs de tuer en rond.
L’association à laquelle Natalya appartenait, Memorial, a décidé de suspendre ses activités à Grozny. Et dans les médias, la décision d’envoyer quelqu’un en reportage à Grozny ressemble à une véritable roulette russe.
Et pourtant, les tueurs ne pourront crier victoire que si les protestations s’éteignent et que s’installe ce sentiment d’impuissance et d’impunité qui satisfait tant les tyrans.
Les vacances troublent les solidarités : les parlementaires sont en « recess », les journalistes sont en roue libre, les militants prennent du champs.
Il faudra donc qu’en septembre, la rentrée soit forte et déterminée. Le Parlement européen, le Conseil de l’Europe, l’OSCE, doivent être harcelés par tous ceux qui refusent que le crime paie.
L’assassinat de Natalya ne concerne pas que la Russie. Il est un message envoyé par les dictateurs et leurs tueurs à l’ensemble du mouvement des droits de l’homme, partout dans le monde. Si l’impunité règne en Russie, elle prospérera ailleurs. Dans ce monde interconnecté, tout se tient.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans