samedi 20 juin 2009

Welcome back, David and Tahir!

Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. Vendredi, le journaliste du New York Times, David Rohde, et son assistant, le reporter Tahir Ludin, ont réussi à s’échapper à leurs geôliers talibans. Ils avaient été arrêtés le 10 novembre dernier dans les environs de Kaboul et emmenés dans un sanctuaire islamiste, dans le Waziristan, a région nord-ouest du Pakistan.
Après avoir franchi le mur d’enceinte, les deux journalistes ont été aidés par un éclaireur de l’armée pakistanaise qui les a conduits dans une base militaire et de là, ils ont été transférées dans la base américaine de Bagram, en Afghanistan.
Contrairement aux affaires hyper-médiatisées de l’enlèvement de Florence Aubenas ou de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, cette prise d’otages est complètement passée sous silence. Le New York Times a estimé en effet que pour assurer la sécurité des deux journalistes, il fallait imposer le secret. Tous les médias et toutes les organisations de défense des journalistes qui avaient été mises au courant, à l’exemple du Committee to Protect Journalists de New York, ont respecté le pacte.
David Rohde est l’un des journalistes américains les plus prestigieux, l’un des plus courageux aussi. Je l’avais rencontré en 1996 dans les bureaux de Human Rights Watch à Bruxelles lorsqu’il enquêtait sur le massacre de Srebrenica. Il venait de quitter le Christian Science Monitor pour rejoindre le New York Times. On lui doit un des livres les plus importants sur la guerre en Bosnie et la passivité des démocraties face au génocide (Endgame : the betrayal and fall of Srebrenica).
Deux fois primé par le Prix Pulitzer, David Rohde est un personnage discret, courtois, qui incarne la meilleure tradition du journalisme américain. Une passion pour la vraie information, c’est-à-dire, selon la célèbre formule d’un patron de presse londonien, pour « cette chose que quelqu’un veut cacher, le reste n’étant que publicité », une réelle audace, une empathie avec les populations broyées par la guerre, un souci de soumettre tous les pouvoirs et en particulier celui de son propre pays au test de la vérité.
Welcome back, David and Tahir.