Jusqu’en 1994, l’Afrique du Sud était un Etat paria. Et des millions de personnes de par le monde s’étaient mobilisées pour dénoncer le régime d’apartheid et défendre ceux qui le combattaient.
On aurait pu croire que la « nouvelle Afrique du Sud », dirigée par des hommes politiques issus de cette lutte pour la liberté et la justice, devienne une « patrie des droits de l’Homme ». Hélas, en dépit de la grandeur de Nelson Mandela et de sa contribution exceptionnelle aux combats pour le droit et la dignité, l’Afrique du Sud apparaît depuis des années comme un Etat insensible au sort des victimes de l’oppression ailleurs dans le monde et comme un « monstre froid » soucieux avant tout de ne pas vexer les pays autoritaires avec lesquels il commerce.
Sous Thabo Mbeki, l’Afrique du Sud a protégé la satrapie de Robert Mugabe au Zimbabwe, elle s’est opposée sur la scène internationale à des résolutions demandant une attitude plus résolue de la communauté internationale au Darfour ou en Birmanie.
Aujourd’hui, Pretoria s’est alignée sur la Chine en refusant un visa d’entrée au Dalai Lama, qui avait été invité à participer à une grande conférence sur la paix, dans la perspective de l’organisation de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud en 2010.
Le gouvernement sud-africain a déclaré sans fioritures que la Chine était un partenaire commercial important et qu’il ne fallait pas que le Dalai Lama détourne l’attention de la World Cup.
L’exemple de Desmond Tutu
L’archevêque Desmond Tutu et l’ancien premier ministre F.W. De Klerk se sont désolidarisés de leur gouvernement et ont annoncé qu’ils ne participeraient pas à la conférence. Leur attitude sauve l’honneur de l’Afrique du Sud et la mémoire de ceux qui s’étaient battu pour la liberté et l’égalité.
Le mouvement des droits de l’Homme a pour mission de se battre pour les droits essentiels de tous, même pour ceux qui, demain, après leur libération, violeront ces droits. Il ne garde l’espoir, toutefois, qu’en pensant qu’il n’aide pas seulement des opportunistes, mais aussi des personnalités animées de principes inébranlables.
Desmond Tutu est l’un de ces grands noms. La liberté qu’il a acquise, grâce à ses combats mais aussi grâce à la solidarité internationale, est mise au service des dissidents et des victimes, partout dans le monde. C’est grâce à son exemple qu’on ne peut pas désespérer totalement de l’Afrique du Sud.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans