L’administration Obama avait annoncé il y a quelques semaines qu’elle avait l’intention de revoir sa politique à l’égard de la Birmanie, jugeant que le recours à l’isolement et aux sanctions n’avait débouché sur aucun résultat concret.
Les organisations de défense des droits de l’homme s’étaient inquiétées de cette annonce et avaient argumenté que les généraux birmans allaient interpréter tout changement comme une licence pour continuer à opprimer et à réprimer.
Le procès surréaliste intenté à Aung San Suu Kyi est venu clore un débat qui s’annonçait très difficile entre le nouveau président américain et le « lobby des droits de l’homme ». En s’en prenant de nouveau à la chef de file de l’opposition démocratique, la Junte a démontré qu’elle n’a pas du tout l’intention d’ouvrir la scène politique birmane parce qu’elle n’a pas du tout l’intention d’ouvrir un dialogue avec la communauté internationale.
Les militaires birmans sont persuadés en effet que cette « communauté » ne représente qu’une frange du monde, essentiellement des pays occidentaux qu’il est facile de stigmatiser sous l’accusation d’impérialisme et d’occidentalisme et qui ne constituent pas des acteurs essentiels à la survie de leur régime.
La Junte dispose de sa propre autonomie financière, grâce aux royalties des firmes pétrolières (dont Total) et aux revenus retirés de trafics en tout genre. Elle est protégée également par la Chine, puissance désormais dominante dans la région, mais aussi par l’Inde, beaucoup plus discrète mais tout aussi compromise.
Ces deux pays sont aujourd’hui ciblés par les organisations de défense des droits de l’homme. Toutefois, le travail de plaidoyer qu’elles mènent à l’intention des gouvernements démocratiques censés relayer leurs protestations auprès de la Chine et de l’Inde est insuffisant. Il s’agit désormais de promouvoir à l’intérieur de ces deux pays une « base » constituée de groupes et d’individus « nationaux » qui plaident pour une politique étrangère plus « éthique ».
Plus facile en Inde où le système démocratique permet la liberté des médias et l’action de la société civile, cette approche n’est pas impossible en Chine. Elle passe notamment par la multiplication des contacts avec les centres d’études politiques ou stratégiques basés en Chine, qui sont conscients des risques de backlash (retour de bâton) pour la Chine si la politique extérieure de Beijing se confond avec le pillage des ressources naturelles d’un pays ou la caution accordée à ses tyrans. Déjà, des experts chinois se sont dits préoccupés par les rancoeurs auxquelles doivent faire face les investisseurs et travailleurs chinois en Afrique, accusés de concurrence déloyale et de « prédation ».
Les milieux de la diaspora chinoise sont aussi des acteurs importants car ils sont sensibles à la nécessité de promouvoir une image positive de leur « mère-patrie » à l’extérieur de ses frontières.
Face à l’intransigeance des « royaumes ermites », comme la Birmanie, l’enjeu chinois est de plus en plus crucial. Et il requiert que les défenseurs des droits de l’homme développent des stratégies appropriées.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans