Après 8 années d’une calamiteuse administration Bush, Barack Obama n’hérite pas seulement de deux guerres, en Irak et en Afghanistan, et d’une crise économique et financière majeure. L’accostage, le 25 novembre, d’une flotte militaire russe dans le port de La Guaira, près de Caracas, donne une idée des défis qui attendent le président Barack Obama, dans son jardin arrière, au sud du Rio Grande, la frontière qui sépare les-Unis du Mexique.
Obsédé par la guerre contre la terreur, George Bush avait largement négligé l’Amérique latine. Sa politique à l’égard de ce continent considéré depuis la déclaration Monroe de 1823 (L’Amérique aux Américains) comme une chasse gardée des Etats-Unis, s’était limitée à appuyer le président colombien Uribe et à tenter, très malhabilement, de « sortir » Hugo Chavez de son palais de Miraflores.
Washington a perdu une bonne part de son influence. Le passage à gauche de la moitié du continent a traduit une profonde remise en cause de la politique néolibérale qui avait dominé les années 80 et 90. La crise financière actuelle, dont les répercussions commencent à se faire sentir du Mexique à l’Argentine, n’a fait qu’aggraver ce rejet du « consensus de Washington » et renforcer le sentiment que les "gringos", une nouvelle fois, sont les premiers responsables du malheur latino-américain.
Plusieurs pays de la région ont adopté une politique extérieure indépendante de celle des Etats-Unis. Le Brésil bâtit peu à peu son « pôle d’influence », en lien avec les autres nations émergentes comme l’Inde ou la Chine. Tandis que Lula, calmement, sobrement, se pose en rival à long terme des Etats-Unis, d’autres, Hugo Chavez en tête, ont carrément choisi l’hostilité et courtisent les «ennemis de l’Amérique », la Russie, la Biélorussie, l’Iran…
Sur le plan international, la Chine et la Russie profitent de l’absence américaine pour avancer leurs pions économiques et stratégiques dans la région. Les échanges commerciaux ont quadruplé entre la Chine et l’Amérique latine depuis 2000 et les accords à caractère militaire ou sensible, notamment dans le domaine nucléaire, se multiplient, en particulier avec la Russie.
Que pourra faire Barack Obama ? Pourra-t-il, à l’image de Franklin Roosevelt dans les années 30, proposer une « politique du bon voisinage » ? Le futur président bénéficie d’un énorme capital de sympathie en Amérique latine, mais les tendances lourdes risquent de très vite l’entamer. La crise qui frappe les Etats-Unis risque de se traduire par des restrictions de l’immigration, par la chute des transferts, de ces fameuses remesas qui, dans certains pays, constituent l’une des principales ressources en devises et la bouée de sauvetage de millions de familles. Elle risque aussi de provoquer une diminution des prix des matières premières, dont l’Amérique latine dépend encore trop largement.
La chute du pétrole réduit, certes, la capacité d’influence de Hugo Chavez, qui avait pratiqué une pétro-démocratie très active pour appuyer ses partisans du Nicaragua à Cuba, de la Bolivie à l’Argentine, mais elle pourrait saper encore davantage le modèle néolibéral et libre échangiste et attiser la volonté de l’Amérique latine de faire cavalier seul, de revendiquer un « nouvel ordre économique mondial et de s’affronter aux Etats-Unis…et à l’Union européenne.
Atlantic notes (1)
Il y a 7 ans