dimanche 2 janvier 2011

Les JT, le réveillon et l'attentat d'Alexandrie

Il y a sans doute plusieurs manières de concevoir l’information internationale de service public. Samedi soir, les JT de la RTBF et de France 2 en ont présenté deux versions distinctes en accordant un traitement très différencié de l’attentat contre une Eglise copte à Alexandrie.
Cette information, en raison de sa gravité humaine (21 morts) et de son importance politique (la stabilité de l’Egypte, le risque de confrontations entre islam et chrétienté, l’étendue de la menace terroriste islamique), avait été placée plus tôt dans la journée à la « une » de la BBC et de nombreux autres médias internationaux. Impossible donc d’en sous-estimer l’importance.
A la RTBF, elle n’a été mentionnée que près de 20 minutes après l’ouverture du JT, dans la foulée de longues séquences sur le réveillon en Belgique et dans le monde.
France 2, qui n’est pas une chaîne particulièrement cérébrale ni ennuyeuse, en a fait son deuxième sujet, quatre minutes après le début du JT.
Comment expliquer ces différentes hiérarchies de l’information au sein de médias qui se réclament tous deux du service public et qui ont dès lors d’autres responsabilités que de simplement faire du chiffre et de l’audimat?
Serait-ce une dérive du journalisme de proximité ? Mais en quoi l’Egypte serait-elle plus proche de la France que la Belgique ?
Serait-ce une banalisation du terrorisme ? La peur du grand requin blanc, quelques jours plus tôt, sur les plages égyptiennes de la mer Rouge a, en effet, mérité plus d’attention que l’attentat d’Alexandrie.
Serait-ce dû à une incompréhension de la signification spécifique de cet attentat par rapport aux massacres terroristes récurrents qui ravagent l’Irak ou le Pakistan ?
Le journalisme n’est pas une science exacte mais il exige une remise à plat régulière de ses pratiques, et notamment de ses choix et de ses hiérarchies. On aimerait confronter les « meneurs de JT » de la RTBF et France 2 pour qu’ils s’expliquent sur la manière dont, samedi, ils ont vu et nous ont montré le monde.